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Le Taux Journalier Moyen (TJM) est souvent considéré comme le baromètre des gains des freelances. Néanmoins, il ne reflète pas toujours leur revenu réel. Plusieurs éléments expliquent l’écart entre le TJM affiché et les gains effectifs. Voici pourquoi le TJM peut induire en erreur et comment mieux appréhender la réalité.
Le TJM décrypté
Le TJM est le montant facturé par un freelance pour une journée de travail. Il sert de base pour estimer ses revenus. Cependant, le chiffre ne correspond pas au salaire net d’un indépendant. Contrairement à un employé, un freelance doit soustraire de son TJM diverses charges avant d’obtenir son revenu net.
Pour avoir une idée plus précise de vos revenus potentiels, vous pouvez simuler un TJM de freelance en tenant compte de ces différents facteurs. Ces charges englobent :
- les cotisations sociales (variant de 21 % à 82 % du revenu brut selon le statut) ;
- les impôts sur le revenu ou sur les sociétés, selon le régime fiscal ;
- les frais professionnels (matériel, logiciels, déplacements).
En conséquence, un TJM élevé ne garantit pas forcément un revenu confortable. Cette distinction s’avère utile pour comprendre pourquoi le taux peut être trompeur.
Le poids des charges
Les freelances doivent gérer d’importantes charges professionnelles et personnelles. Ces dépenses impactent directement leur pouvoir d’achat réel. À titre d’exemple, un freelance en micro-entreprise a des cotisations sociales simplifiées, or il doit pallier l’absence de certaines prestations comme l’assurance chômage.
Qui plus est, certains frais sont propres à l’activité freelance tels que :
- les espaces de coworking ou bureaux personnels ;
- les outils numériques essentiels ;
- et les assurances professionnelles obligatoires.
Les coûts récurrents réduisent nettement le montant disponible pour le freelance en fin de mois. Même avec un TJM compétitif, les charges peuvent limiter la rentabilité réelle d’une activité indépendante.
Les jours non facturés : une réalité sous-estimée
Un autre facteur explique pourquoi le TJM ne reflète pas toujours le revenu réel : il concerne les jours effectivement facturables dans l’année. Contrairement à un salarié qui perçoit un salaire fixe mensuel, un freelance ne facture que les jours où il travaille directement pour ses clients.
En moyenne, un freelance consacre 120 à 150 jours par an à des missions facturables. Le reste du temps est dédié à des tâches non rémunérées telles que :
- la prospection commerciale ;
- la gestion administrative et fiscale ;
- et la formation continue ou la mise à jour des compétences.
Les périodes non facturées doivent être intégrées dans le calcul du TJM pour couvrir les besoins financiers annuels. Pourtant, beaucoup de freelances débutants sous-estiment la réalité et fixent un TJM trop bas pour rester compétitifs.
Les fluctuations du marché et des missions
Le marché freelance se caractérise par une forte variabilité de la demande et de la rémunération selon les secteurs. Par exemple, les développeurs web ou experts en data peuvent afficher des TJM moyens supérieurs à 500 €, tandis que les graphistes ou rédacteurs sont souvent sous les 400 €.
En outre, les missions longues et stables permettent parfois de négocier des tarifs réduits tout en offrant une relative sécurité. À l’inverse, les missions courtes ou urgentes peuvent justifier des tarifs plus élevés, néanmoins elles impliquent généralement des périodes d’inactivité entre deux contrats. Ces fluctuations compliquent l’estimation précise du revenu annuel basé uniquement sur le TJM.
L’impact du statut juridique
Le statut juridique choisi par le freelance influence également la conversion du TJM en revenu net. Ainsi :
- un auto-entrepreneur a un régime fiscal simplifié, mais cotise peu pour sa protection sociale ;
- une SASU offre une meilleure couverture sociale, cependant elle implique des charges patronales élevées ;
- le portage salarial combine avantages sociaux et indépendance, toutefois il prélève une commission sur le chiffre d’affaires.
Ces différences structurelles montrent que deux freelances avec un TJM identique peuvent percevoir des revenus nets très différents selon leur statut.