Table
Transmission du coronavirus, augmentation du risque d’infarctus et de crise cardiaque, cause directe d’une mystérieuse pneumopathie… on aura tout lu et tout entendu sur la cigarette électronique de la part de ses détracteurs. Mais ses partisans ne sont pas en reste : aucune nocivité sur la durée, aucun risque de « vapotage » passif, absence de toute substance toxique… Suscitant un débat passionné depuis une quinzaine d’années, la cigarette électronique s’impose bon gré mal gré comme l’outil de sevrage tabagique préféré des Français qui tentent de se débarrasser de leur addiction à la nicotine.
Des nouvelles alarmantes… ou alarmistes ?
Il ne s’écoule pas un mois sans que la cigarette électronique ne fasse l’objet d’un article dans la presse régionale ou nationale, avec souvent des dossiers objectifs, des synthèses d’études cliniques, mais aussi malheureusement des fake news relayées sans prise de recul. Si l’impact sanitaire des dispositifs de vapotage sur le long terme reste encore une inconnue, des avancées significatives ont été réalisées lorsqu’il s’agit de comparer le ratio bénéfice – risque de l’e-cigarette et du tabac.
On le sait désormais, la cigarette électronique affiche une composition chimique beaucoup moins inquiétante que le tabac, ce dernier dégageant des substances cancérigènes comme le goudron et le monoxyde de carbone lorsqu’il entre en combustion. A ce propos, la mise au point des autorités sanitaires françaises concernant la cigarette électronique est intéressante, dans la mesure où elle remet à plat les faits. De l’autre côté de la Manche, les autorités sanitaires britanniques ont conclu que la cigarette électronique était 95 % moins nocive que le tabac.
De l’autre côté du miroir, des fake news que l’on qualifiera de « rassuristes » tentent de brosser un tableau flatteur, trop flatteur. Non, la cigarette électronique n’est pas sans aucun danger sur votre santé. Si vous pouvez vous en passer, vous rendriez de fiers services à votre organisme.
D’un autre côté, aucune étude n’a pas pu démontrer, pour l’heure, que les dispositifs de vapotage n’ont pas d’effets sanitaires sur le long terme. Aussi, la cigarette électronique n’est pas complètement exempte de substances toxiques. Elles sont simplement de l’ordre de quelques microgrammes pour 30 bouffées, soit beaucoup moins que la cigarette traditionnelle.
Quid du risque d’infarctus du myocarde ?
Voilà un cas classique de fake news. Un cas d’école mêlant manipulation, désinformation volontaire, et tromperie. Commençant par le postulat de départ de cette information : « L’usage de la cigarette électronique, occasionnel ou régulier, est associé à un risque accru d’infarctus du myocarde ». C’est la conclusion d’un article publié en juin 2019 par deux chercheurs dans le journal de l’American Heart Association (JAHA) : Stanton Glantz, professeur de médecine et directeur du Center for Tobacco Control Research and Education, Université de San Francisco, Californie, et Dharma Bhatta, épidémiologiste et chercheur en santé publique dans le même centre. Pour cet article, les deux chercheurs se sont appuyés sur les données de l’étude de cohorte PATH (Population Assessment of Tobacco and Health Survey). Très vite, à peine deux mois après la publication de l’article, sa méthodologie et ses résultats sont largement remis en question.
Il s’est avéré qu’une étude était déjà parue en 2018 sur l’étude PATH. Celle-ci montrait que la majorité des patients avaient fait leur infarctus du myocarde… dix ans avant d’utiliser l’e-cigarette ! Après plusieurs mois de silence radio face aux demandes de retrait de l’article incriminé, il sera finalement retiré de la publication le 18 février 2020. Pour la petite anecdote, il s’avérera par la suite que le professeur Stanton Glantz avait reçu des fonds de 13,6 millions de dollars pour cette « étude ».
L’e-cigarette, une passerelle vers le tabagisme ?
Le fait est que les études menées sur le sujet disent le contraire. La cigarette électronique n’est pas une passerelle vers le tabagisme, elle a même tendance à offrir aux fumeurs une porte de sortie. Selon une enquête menée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), tous les vapoteurs réguliers sont, ou ont été fumeurs. Ce résultat plutôt prometteur a été atteint sans campagnes de sensibilisation. En effet, les autorités sanitaires françaises, mais aussi européennes, ne semblent pas prêtes à intégrer les dispositifs de vapotage dans leur politique de lutte contre le tabac.